Avec 3 700 suppressions de postes annoncées, la fusion des réseaux d’agences de la Société Générale et de sa filiale Crédit du Nord est la plus importante restructuration qu’ait connue le secteur. Pour FO, la direction minimise les conséquences sociales.
Depuis l’annonce le 12 octobre de la suppression de 3 700 postes dans les réseaux d’agences de la Société Générale et de sa filiale Crédit du Nord, qui vont fusionner d’ici 2025, les salariés sont sous le choc
, constate Marc Durand, secrétaire de la section nationale FO Société Générale. Ils ont été avertis par un mail de la direction arrivé à 7h30 du matin, soit une demi-heure après la publication d’une dépêche AFP.
Si le projet est connu depuis décembre 2020, l’importance des destructions de postes a surpris : le nombre de fermetures d’agences a été revu à la hausse, de 600 à 650. Ce qui représente une diminution de 31% du nombre total de sites. Le plan intègre la suppression de 9 sites dédiés au « back-office », comprenant 800 emplois. Par son ampleur, cette restructuration est la plus importante qu’ait connue dans le secteur.
450 millions d’économies attendus en 2025
Cette stratégie est incompréhensible pour les salariés, alors que la Société Générale est en excellente santé
, dénonce le militant FO. C’est peu dire. Après avoir réalisé en 2021 son meilleur « premier semestre » depuis cinq ans, voilà que la banque place son « troisième trimestre » 2021 hors de toutes catégories : il est le meilleur « troisième trimestre » de son histoire en terme de résultats, avec un bénéfice net part de groupe qui a quasiment doublé en un an (+87%), à 1,6 milliard d’euros.
Il n’y a donc aucune justification économique. Ces suppressions d’emplois n’ont d’autre objectif qu’une énième recherche de réduction des coûts pour plaire aux marchés
, appuie Marc Durand.
Présentée comme un moyen de rationaliser l’activité de banque de détail et d’augmenter sa rentabilité, la restructuration doit permettre, selon la direction, 450 millions d’euros de « synergies » en 2025, autrement dit d’économies. Les fermetures d’agences et les suppressions de postes en constituent l’essentiel. A terme, il n’y aura plus qu’un réseau unique de 1 450 agences et d’environ 25 000 salariés (soit une diminution de 15% des effectifs).
Entre 2015 et 2020, lors du dernier plan stratégique, la Société Générale avait déjà réduit de 20% son nombre d’agences, avec 500 sites en moins.
La direction minimise les conséquences sociales
Le militant ne met pas seulement en cause la stratégie : FO Société Générale dénonce, avec d’autres syndicats, une sous-estimation délibérée des suppressions d’emplois
. La direction fait des amalgames entre suppressions, transferts et créations de postes. Elle minimise les conséquences sociales. Selon nos calculs, le nombre réel de suppressions d’emplois dépasserait les 6 000
, souligne Marc Durand.
Le militant pointe aussi les fausses promesses de la direction
. Il n’y aura ni licenciements ni départs contraints, assure-t-elle depuis fin 2020. Elle dit miser sur les départs naturels : environ 1 500 salariés partiraient en retraite chaque année dans les deux enseignes. C’est faux, la restructuration va logiquement obliger les salariés à subir une mobilité géographique a minima, ou à quitter l’entreprise
, rétorque Marc Durand.
Chose indéniable, le nombre des instances représentatives du personnel va être réduit drastiquement : il y aura 11 CSE (comités sociaux et économiques) régionaux à l’issue de la fusion, contre 84 CSE actuellement rien que pour la Société Générale…